Aéronautique : Un Marocain « constructeur »

12 octobre 2007 - 23h43 - Maroc - Ecrit par : L.A

Dans le cockpit, le pilote ajuste son dossier. Le décollage est imminent de l’aéroport Marrakech Menara. Quelques secondes après, l’avion prend les airs. La longue ascension est enclenchée sauf qu’elle est…virtuelle. Et l’avion en question, encore en phase de finalisation, est collé au sol… dans le salon de son concepteur. Constructeur amateur, Abdelkrim M. Hachadi, ingénieur Arts & Métiers, poursuit ses manœuvres, cette fois-ci, pour l’atterrissage de son jet liner, un Boeing 737NG. Atterrissage réussi à l’aéroport Med V, se réjouit le pilote-constructeur. Devant son tableau de bord, attentif aux commandes, il commente avec force détails le déroulement de l’opération.

Fruit d’une grande passion et de longues nuits blanches, son projet commence à prendre forme. « Si tout va bien, promet-il, son « jet liner » sera fin prêt au début du deuxième semestre 2008 ».
Depuis quelques mois, son rythme de travail s’est accéléré. Il passe tous ses loisirs la tête dans le ciel, les yeux rivés sur le tableau de bord de son avion, mais surtout à tester les différentes fonctions qu’il développe ou réalise.

L’idée a germé dans son esprit depuis longtemps. Mais il lui faudra un an de réflexion pour lancer son projet. C’est à Paris où il est basé qu’il le démarrera avec les moyens de bord. Sa cuisine sera squattée et transformée en atelier. Et à partir d’un logiciel de simulation que l’on peut, dit-il, acquérir pour quelques dizaines de DH, il lance son entreprise. A ce logiciel qui sert à la visualisation des scènes extérieures, il rajoute une multitude de programmes et de développements. Des photos de cockpits d’avions et des documents techniques lui serviront de base de travail. Titulaire d’une licence de pilote professionnel et qualifié IFR, Hachadi mettra aussi à profit ses connaissances aéronautiques et de pilotage. Et aussi ses économies, investies dans les quelque 8 ordinateurs, les composants électroniques et autres matériels qui feront fonctionner le simulateur. La voie des airs est ouverte.

Au départ, Hachadi aurait souhaité prédestiner son projet à des étudiants comme ceux de l’Ecole Mohammadia. « Je le concevais comme un programme pédagogique et didactique pour les ingénieurs en formation à l’EMI, avec qui j’aurais collaboré dans mon projet », dit-il.

Mais, l’idée n’ayant pas abouti, le pilote-constructeur s’attaque à son oeuvre dans une démarche individuelle. Pour affiner ses connaissances, il participe à des forums spécialisés d’amateurs, dans lesquels chacun apporte ses connaissances. « L’aéronautique de loisir est une passion qui réunit des gens d’horizons variés », fait-il remarquer.

Mais, rapidement, ce qui avait commencé comme une simple distraction, un hobby, prendra une tournure plus sérieuse. « Il y a quelques mois, j’ai présenté mon projet à des professionnels, ils étaient fascinés. Ils m’ont encouragé à le poursuivre et à entamer d’ores et déjà des contacts pour des débouchés dans la formation et l’entraînement de pilotes ».

Le constructeur entrevoit alors la possibilité de voir une compagnie aérienne s’intéresser à son œuvre. Pourquoi pas le transporteur national. « C’est un outil pédagogique. Une compagnie comme Royal Air Maroc par exemple pourrait l’utiliser comme simulateur de vol pour une phase intermédiaire de prise en main –car toute l’ergonomie y est- avant de faire passer les stagiaires dans le simulateur FFS (Full Flight Simulator) du B737, qui est très onéreux en investissement et en exploitation.

C’est moins cher et c’est tout aussi didactique », assure le constructeur amateur. A titre indicatif, le constructeur estime le coût d’un tel projet à quelque 30.000 euros contre plus de 30 millions pour un simulateur FFS.

Pacours

Grand mordu des airs, Abdelkarim M. Hachadi a derrière lui une longue formation dans les systèmes d’information, conduite des projets et développement produit. Ingénieur diplômé du Conservatoire national des arts & métiers (CNAM), Hachadi a déjà à son actif plus de 20 ans dans le domaine du conseil à l’international comme manager ou associé (Velez Consultants International, Deloitte consulting, GFI consulting, Aviation Technique Aéronautique …).

Il est consultant, et à ce titre il a travaillé depuis de nombreuses années pour des constructeurs et des équipementiers automobiles et aéronautiques. Parmi ses dernières missions au Maroc soutenues par la CEE, une étude et mise en œuvre d’un bureau d’études mutualisé pour les sous-traitants et équipementiers automobiles. Toujours dans le même sens, il a participé à une étude d’opportunité pour la création d’un centre de formation aux métiers de l’industrie automobile.

L’Economiste - Khadija El Hassani

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Transport aérien - Recherche - Abdelkrim Hachadi - Aéronautique - Boeing

Ces articles devraient vous intéresser :

Airbus présente l’A220 « made in Morocco »

Le constructeur aéronautique européen Airbus a dévoilé, jeudi, à Casablanca, son nouveau modèle d’avion monocouloir : l’A220, moins polluant et dont des centaines de pièces sont produites au Maroc.

Aéronautique : le Maroc décolle et concurrence les géants européens

À l’heure où les constructeurs aéronautiques de l’Europe peinent à répondre à la demande, le Maroc travaille à devenir une plaque tournante de l’aérospatiale.

Étonnante découverte de fossiles de dinosaures au Maroc

Des fossiles d’abelisauridae, des dinosaures parents éloignés des tyrannosaures, ont été découverts au Maroc, ce qui relance le débat, ouvert depuis plus de 200 ans, sur l’extinction des dinosaures de la surface de la terre.

Plan ambitieux pour Royal Air Maroc

Royal Air Maroc prévoit d’investir près de 25 milliards de dollars pour renforcer sa flotte et passer d’environ 50 avions actuellement à 200 avions d’ici 2030.

Royal Air Maroc : 200 avions prévus d’ici 2037

Le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch et le Président-directeur général de la Royal Air Maroc (RAM), Hamid Addou, ont procédé mardi à Rabat, à la signature du contrat-programme 2023-2037. Objectif, améliorer l’attractivité de la destination Maroc et...

Les chercheurs étudient une météorite marocaine revenue de l’espace

Une roche noire découverte au Maroc en 2018 aurait quitté la Terre, puis est restée un long moment dans l’espace, avant de revenir sur la planète, selon des chercheurs. Un phénomène inédit en science si cette thèse venait à être confirmée.

Royal air Maroc relance une ligne vers le Portugal

La compagnie aérienne Royal Air Maroc (RAM) a annoncé la reprise de la liaison Casablanca-Porto. Cette ligne est restée suspendue depuis le début de la pandémie de Covid-19.

Aéroports du Maroc : hausse du nombre de passagers à fin novembre

À fin novembre dernier, les aéroports marocains ont enregistré plus de 18 millions de passagers, soit un taux de récupération de 80 % par rapport à la même période en 2019, selon l’Office national des aéroports (ONDA).

Maroc-Israël : deux ans de relations fructueuses, selon Alona Fisher-Kamm

Mardi a été célébré le deuxième anniversaire de la reprise des relations entre le Maroc et Israël. Une occasion pour Alona Fisher-Kamm, cheffe par intérim du bureau de liaison de Tel-Aviv à Rabat, de faire le bilan de ce rapprochement.

L’Office national des aéroports dans le viseur du Parlement marocain

Au Maroc, nombreux sont les dysfonctionnements qui ont été relevés dans les aéroports. Une commission d’enquête parlementaire pourrait être bientôt mise en place pour passer au peigne fin tous les projets pilotés par l’Office national des aéroports...