Communiqué de l’Association Démocratique des Femmes du Maroc

10 juillet 2003 - 00h38 - Maroc - Ecrit par :

Pour la levée des discriminations à l’égard des femmes dans le code pénal et une plus grande protection contre la violence.

Le projet de réforme du code pénal, approuvé par le conseil de gouvernement le 21 mai 2003, est actuellement soumis (dans une procédure d’urgence) à la discussion et au vote à la première chambre du parlement.

L’Association Démocratique des Femmes du Maroc, qui a mené une action de plaidoyer durant les deux dernières années au sujet des dispositions
relatives au principe de non discrimination et de protection des femmes de la violence, relève l’intégration d’un certain nombre de ses recommandations dans le projet gouvernemental.

Plus précisément, les révisions ont trait à l’incrimination de l’adultère ( art 418-491), à l’aggravation de l’incrimination en cas de délits entre époux (158-404), à la levée du secret médical lorsqu’il y a violence pratiquée par l’un des époux ou à l’encontre de la femme enceinte ( art 446) et à l’incrimination du harcèlement sexuel ( 503-1).

Tout en rappelant la nécessité d’une législation respectueuse du principe de l’égalité entre les sexes et garantissant une plus grande protection des femmes contre la violence, l’association appelle le parlement à appuyer les propositions du gouvernement en approuvant les articles :
418-491-158-404-440-486-499-503/1-la section 2 bis de l’article 431-1 et 431-2 et attire l’attention des groupes parlementaires sur les
recommandations suivantes :

1.. Supprimer l’alinéa 2 de l’article 475 relatif à l’enlèvement de mineur. Cet article pose plusieurs problèmes : la validité du consentement du mineur aussi bien pour les relations sexuelles ou le mariage, le fait que l’article est souvent utilisé dans les cas de viol pour annuler les poursuites à l’encontre du violeur ; enfin il est dangereux, car il encourage l’exploitation sexuelle des mineurs.
2.. Supprimer l’article 488 qui fait de la défloration une circonstance aggravante du viol. Dans ce cas, c’est le principe de l’intégrité physique qui doit primer : le viol est condamnable quel que soit les circonstances.
3.. Supprimer les articles 494 à 496 et de l’alinéa 2 de l’article 491 en raison de leur caractère ouvertement discriminatoire. Ces articles n’ont pas lieu d’être car le code pénal sanctionne de peines criminelles « tout enlèvement de personne » à travers l’article 436 et suivants. C’est donc ce dernier qui doit s’appliquer puisqu’en vertu d’une règle très claire prévue par le code pénal, si un même fait coïncide avec deux incriminations prévues
par la loi, on doit choisir de poursuivre d’après l’incrimination la plus grave.
4.. Ajouter un alinéa à l’article 490 qui annulerait les poursuites à l’ encontre de la femme enceinte. Il s’agit à ce niveau de protéger les enfants et d’éviter les infanticides, l’abandon d’enfant, leur commerce et les
avortements qui, la plupart du temps, sont effectuées dans des conditions mettant la vie des femmes en danger.

Rabat, le 7 juillet 2003

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Droits et Justice - Moudawana (Code de la famille) - Lois - Femme marocaine

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : révocation en vue des députés poursuivis par la justice

Les députés poursuivis par la justice pour détournement ou dilapidation de fonds au Maroc pourraient être déchus de leurs mandats. La Chambre des représentants s’apprête à voter des amendements dans ce sens.

Un député marocain poursuivi pour débauche

Le député Yassine Radi, membre du parti de l’Union constitutionnelle (UC), son ami homme d’affaires, deux jeunes femmes et un gardien comparaissent devant la Chambre criminelle du tribunal de Rabat.

Poupette Kenza : compte Instagram désactivé après des propos « antisémites »

L’influenceuse aux plus d’un million d’abonnés sur Instagram, Poupette Kenza, se retrouve au cœur d’une vive controverse après avoir tenu des propos jugés antisémites. Dans une story publiée le 15 mai 2024, elle affirmait sans équivoque son soutien à...

Malgré les obstacles juridiques, la polygamie persiste au Maroc

Alors que le gouvernement est en train de plancher sur une réforme du Code de la famille, le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire vient de publier son rapport sur la polygamie dans lequel on apprend que quelque 20 000 demandes pour un deuxième...

Corruption : Rachid M’barki reconnaît les faits

Après avoir juré, sous serment, en mars dernier devant la commission d’enquête parlementaire sur les ingérences étrangères, n’avoir jamais perçu de rémunération occulte en contrepartie de la diffusion d’informations erronées ou très orientées pour...

Plaidoyer pour l’abolition de la peine de mort au Maroc

La lutte contre l’abolition de la peine capitale est toujours d’actualité au Maroc. En témoigne la récente participation des réseaux et militants marocains contre la peine de mort, à la 8ᵉ édition du congrès mondial qui s’est tenu à Berlin du 18 au 25...

Deux fonctionnaires du consulat du Maroc à Barcelone en prison

Accusés de détournement de fonds, deux anciens fonctionnaires du consulat du Maroc à Barcelone ont été placés en détention, mercredi, par le procureur général du Roi près du tribunal des crimes financiers de Rabat.

Concours d’avocat : profond désaccord au sein de la profession

La polémique liée au concours d’accès à la profession d’avocat a fini par diviser le corps des avocats, dont certains défendent le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, et son département contre tout « favoritisme » tandis que d’autres appellent à...

Réforme du Code de la famille au Maroc : Abdelilah Benkirane menace

Le secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane, relance le débat sur la réforme de la Moudawana et du Code pénal, en promettant des actions fortes si le ministre de la Justice y introduit des amendements qui portent atteinte à la cellule familiale.

Maroc : Vague d’enquêtes sur des parlementaires pour des crimes financiers

Une vingtaine de parlementaires marocains sont dans le collimateur de la justice. Ils sont poursuivis pour faux et usage de faux, abus de pouvoir, dilapidation et détournement de fonds publics.