Emigration clandestine : Un trafic plus florissant que la drogue

20 décembre 2003 - 22h54 - Maroc - Ecrit par :

L’émigration clandestine fait gagner beaucoup d’argent. Bien plus que le trafic de drogue. Le numéro deux du ministère de l’Intérieur espagnol vient de le confirmer encore une fois devant le parlement de son pays.

Le secrétaire d’Etat à la Sécurité, Ignacio Astarloa, a, en effet, assuré devant la Chambre basse du parlement que “les mafias de trafic des vies humaines brassent beaucoup plus d’argent que les trafiquants de drogue”. Le responsable espagnol n’a pas donné davantage de précisions.

Il reste toutefois que c’est un trafic très florissant et ne cesse de prendre de l’ampleur. L’on ne connaît pas le volume exact du trafic, mais l’on peut moins difficilement dénombrer ses victimes. Et les macabres statistiques relevées régulièrement dans la zone du Détroit en sont l’une des conséquences les plus directes et les plus tragiques. En cette année, pas moins de 236 personnes, y ont perdu la vie en tentant de joindre les côtes espagnoles.

Mais au-delà de cette approche sécuritaire prônée par les autorités espagnoles, les associations de défense des droits de l’Homme soulèvent une autre question non moins préoccupante : celle de la violation systématique des droits des personnes déjà abusées par ces mafias de trafic des vies humaines et arnaquées par leurs réseaux de rabatteurs.

Dans un récent rapport rédigé par l’organisation non gouvernementale, APDHA, Association de défense des droits de l’Homme en Andalousie, il a été fait état de sérieuses violations des droits de l’Homme à l’encontre des candidats à l’émigration illégale. Cette question de respect des droits de l’Homme, affirme l’ONG, a simplement été écartée dans le traitement du problème de l’émigration.

L’ONG condamne en outre “les politiques de fermeture de frontières exercée par l’Union européenne qui est en train d’entreprendre avec des moyens humains et techniques de plus en plus sophistiqués aussi bien sur les côtes andalouses que celles des îles Canaries”. Pour l’ONG, ce sont ces politiques qui sont à l’origine de la violation des droits humains de ces candidats à l’émigration clandestine.

Par ailleurs, et selon les responsables du département de l’émigration et de l’extraniété, le gouvernement espagnol se penche actuellement sur la question des émigrés illégaux se trouvant sur son territoire. Les responsables du département ont déjà commencé par écarter l’idée de l’ouverture d’une nouvelle opération de régularisation. Celle-ci ne saurait avoir pour résultat qu’un ; fort “effet d’appel”, affirment-on auprès dudit département. D’autant plus qu’une telle opération concerne près d’un million d’émigrés clandestins qui vivent actuellement en Espagne selon des chiffres estimatifs avancés par Gonzalo Robles, délégué du gouvernement chargé de l’émigration et l’extranéité.

Le gouvernement devrait donc se contenter de solutions aléatoires. Ainsi, annonce le même responsable, le gouvernement s’est engagé pour la création seulement de quelque 10.000 nouveaux emplois stables pour les émigrés et 20.000 postes temporaires au titre de l’année 2004.

Libération

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immigration clandestine - Drogues - Pauvreté

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Maroc va distribuer les aides directes aux plus pauvres cette année

Le gouvernement prévoit d’accorder une aide financière mensuelle directe à l’ensemble des familles démunies. Cette mesure phare du processus de généralisation de la protection sociale, enclenché par le pays, sera effective dès cette année, selon le...

Le Maroc face à la menace de la « Poufa », la cocaïne des démunis

Le Maroc renforce sa lutte contre la « Poufa », une nouvelle drogue bon marché, connue sous le nom de cocaïne des pauvres », qui a non seulement des répercussions sociales, notamment la séparation des familles et une augmentation des suicides et des...

Des Marocains à la rue : la détresse d’une famille en Espagne

Un couple marocain et ses trois filles mineures âgées de 12, 8 et 5 ans sont arrivés clandestinement à Pampelune en provenance du Maroc il y a un mois, cachés dans une remorque chargée de légumes. Sans ressources ni aide, ils sont à la rue depuis...

Des soldats marocains accusés d’avoir tiré à balles réelles sur des migrants

L’Espagne a ouvert une enquête concernant des allégations de tirs sur des migrants tentant de rejoindre les îles Canaries depuis le Maroc. Une association caritative affirme que des soldats marocains auraient ouvert le feu sur ces migrants,...

En réponse au Qatargate, le Maroc ne respecte plus les accords de renvoi des déboutés d’asile

Depuis l’éclatement du scandale de corruption connu sous le nom de « Qatargate », les difficultés pour renvoyer les Marocains déboutés de leur demande d’asile vers leur pays d’origine se sont accrues.

Ouverture exceptionnelle de la frontière entre le Maroc et l’Algérie

La frontière entre l’Algérie et le Maroc a été exceptionnellement ouverte cette semaine pour permettre de rapatrier le corps d’un jeune migrant marocain de 28 ans, décédé par noyade en Algérie.

Maroc : une aide directe pour les plus pauvres

Le gouvernement envisage d’accorder en 2023 une aide financière mensuelle directe à l’ensemble des familles démunies. Plus précisément, sept millions d’enfants et 3 millions de familles seront concernés.

« L’Escobar du désert » fait tomber Saïd Naciri et Abdenbi Bioui

Plusieurs personnalités connues au Maroc ont été présentées aujourd’hui devant le procureur dans le cadre de liens avec un gros trafiquant de drogue. Parmi ces individus, un président de club de football.

Appel à lutter contre la mendicité au Maroc

Le niveau de pauvreté et de vulnérabilité n’a pas baissé au Maroc. En 2022, il est revenu à celui enregistré en 2014, selon une note du Haut-Commissariat au Plan (HCP) publiée en octobre dernier. Une situation qui contribue à la hausse de la mendicité...

"L’boufa", la nouvelle menace pour la société marocaine

Le Maroc pourrait faire face à une grave crise sanitaire et à une augmentation des incidents de violence et de criminalité, en raison de la propagation rapide de la drogue «  l’boufa  » qui détruit les jeunes marocains en silence.