L’enlèvement parental, nouvelle facette de la société marocaine

18 août 2007 - 11h00 - Maroc - Ecrit par : L.A

Avec le nouveau Code de la famille, le Maroc ne cesse de découvrir de nouvelles facettes de sa société. Par exemple ? Eh bien, les enlèvements d’enfants. Ce phénomène concerne principalement les couples de Marocains résidant à l’étranger et les couples mixtes. L’affaire que traite depuis le début du mois de juin, un tribunal de Casablanca est donc loin de constituer une bizarrerie. C’est celle de Larbi, émigré établi en Italie.

Suivant un conseil parental bien connu et largement répandu, il refuse de se marier avec une « barraniya ». Lorsqu’il rentre au pays, en 2001, comme chaque été, sa mère lui réserve une surprise : sa future épouse. La jeune femme, fille d’un douar, 18 ans, a tout juste obtenu son bac. Si elle ne poursuit pas ses études, c’est parce que ses parents préfèrent la marier.

Dans la banlieue de Turin, elle passe ses journées cloîtrée dans son appartement, interdite de contact avec le voisinage, pendant que son mari travaille au dehors car ce dernier n’oserait en effet jamais « renier » la culture arabo-islamique (ou plutôt son interprétation de cette culture). La télé, compagne unique et préférée de la jeune femme, lui permet d’apprendre l’italien, une langue que son époux ne maîtrise toujours pas.

Ce fait n’échappe pas à son mari, qui la voit converser aisément avec son entourage lorsqu’ils sortent ensemble. Jaloux et complexé, Larbi devient violent à la naissance de leur première enfant. Il finit par passer une nuit au poste lorsque sa femme décide de porter plainte. À la première occasion, Larbi s’empare du bébé et prend le premier avion qu’il trouve à destination du Maroc.

Ayant obtenu gain de cause à l’issue d’une procédure judiciaire, sa femme rentre au pays pour récupérer l’enfant. Mais Larbi, qui a caché le bébé, pose des conditions arbitraires, voulant ainsi empêcher son épouse de revenir en Italie : la rétention abusive de son passeport et de sa carte de séjour. Finalement arrêté, il est condamné, en vertu de l’article 477 du Code pénal, à un mois de prison ferme. Une peine qui pourrait être prolongée jusqu’à trois ans tant qu’il ne se soumettra pas à la décision judiciaire.

Ajoutons que ce type de scénario se décline sur tous les tons : tantôt c’est l’homme, tantôt c’est la femme qui kidnappe les enfants, pour des raisons aussi abracadabrantes les unes que les autres. Heureusement, les lois bougent au Maroc ; les mentalités, elles, suivent, mais beaucoup plus lentement.

Le Journal Hebdo - Amina Boubia

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