Selon l’avis du Comité des droits de l’homme de l’ONU, auquel Europa Press a eu accès, les faits remontent à 2006, année où l’Audience nationale a ordonné l’ouverture d’une enquête sur Aarrass, soupçonné d’avoir participé aux attentats du 1ᵉʳ mai 2003 à Casablanca, et d’être membre du mouvement djihadiste Harakat Al Moudjahidine Fi Al Maghrib. L’enquête a été finalement classée en 2009.
La même année, la justice marocaine a émis un mandat de recherche et d’arrêt international contre lui pour crimes terroristes et pour ses liens présumés avec des cellules d’Al-Qaïda au Maghreb. Arrêté à Melilla le 1ᵉʳ avril 2008, et mis à la disposition de l’Audience nationale, Ali Aarrass sera finalement extradé au Maroc en 2010, bien qu’il ait exprimé aux juridictions espagnoles et à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) ses craintes d’être torturé dans le royaume.
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Dans sa plainte auprès du Comité des droits de l’homme de l’ONU, le Belgo-marocain affirme avoir subi des tortures et des « abus graves » au Maroc, précisant avoir été violé, drogué et soumis à des décharges électriques et à la privation de sommeil. Des traitements inhumains et dégradants qui lui ont causé d’énormes préjudices, dont des troubles de l’audition, une perte de sensibilité, et un stress post-traumatique.
L’ONU lui a donné raison en 2014, confirmant que le risque qu’il soit torturé au Maroc était « réel » et que l’Espagne a violé l’article 7 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. En conséquence, le Comité a demandé à l’Espagne de réparer le préjudice subi par Aarrass après son extradition au Maroc. Se fondant sur cet avis, le Marocain a réclamé plus de 3 millions d’euros à l’Espagne pour dysfonctionnement de l’administration de la justice. Mais elle a rejeté sa demande, ce qui l’a amené à saisir la Cour constitutionnelle, qui vient de lui accorder la protection.