La folie des achats s’empare des Marocains

21 août 2007 - 00h27 - Maroc - Ecrit par : L.A

Actuellement, les gens sont devenus des férus de la consommation. Vieux, femmes et jeunes s’acharnent à l’achat et constituent par là un public cible pour les promoteurs de la publicité, notamment les jeunes. Ce sont les consommateurs de demain. Il est donc important de toucher une clientèle créant une fidélité à long terme. De plus l’environnement des individus, leur âge et leur sexe sont des aspects à suivre de très près.

La relation qui s’établit entre les consommateurs et la consommation n’est pas restée la même. Auparavant, les gens achetaient par besoin. Les achats étaient fort bien des besoins vitaux et d’utilité urgente. "Nous achetions pour manger ou pour se couvrir du froid", prétend le vieux Ba Hmad. Actuellement, le motif a changé de nature.

Les achats sont devenus des moyens qui permettent de se définir et de se démarquer par rapport aux autres. Ils sont un moyen de communication par excellence. Face à la diversité et la quantité contraignante de l’offre, les gens sentent de plus en plus l’obligation de consommer, rien que pour le faire. Certains s’offrent du plaisir en faisant l’emplette de quelques produits qui ne sont pas forcément urgents. D’autres assouvissent leur soif d’apparence et par conséquent d’appartenance à une communauté ou une autre en optant pour tel ou tel produit.

L’enjeu est très grand. Il est à la fois sociologique et psychologique. Les jeunes à l’état actuel déboursent plus d’argent pour soigner leur apparence. Cela est bien plus fréquent chez ceux issus des couches sociales démunies. Le recours à la marque influence les achats. Pour ces jeunes, porter une bonne marque, signifie appartenir à une catégorie sociale plus aisée que la leur. Pouvoir fréquenter des endroits de luxe et s’octroyer un regard d’estime et de respect de la part des autres. Les ados sont les plus touchés par le phénomène. A cet âge, l’apparence est déterminante, et chez les garçons et chez les filles. Tous veillent à ce qu’ils soient bien vus par la société. Les habits demeurent le produit le plus attirant chez les garçons. Les filles, elles, n’épargnent pas un sou pour être belles. Pour elles, les produits cosmétiques arrivent en tête de liste. "J’achète des produits cosmétiques chaque mois, le coiffeur a sa part aussi", estime Saïda, une jeune lycéenne.

Ce désir ardent pour la marque trouve son apogée chez les jeunes qui travaillent. Ils dépensent beaucoup pour avoir des produits authentiques et ont plus d’indépendance à effectuer des choix ou suivre les tendances de la mode. Acquérir une voiture ou une moto, cela veut dire plus de dépenses. Or cet excès de consommation ne peut se résumer en l’achat des habits et des accessoires. Les jeunes consomment aussi excessivement les cigarettes, la drogue et les boissons alcolisées. Ces produits entrent dans les dépenses et constituent un pôle à part de la consommation.

De même la recommandation contribue au bien-être de la consommation des marques. Plusieurs préfèrent consommer un produit ou acheter une marque d’habillement déjà acquis par un proche ou un ami, cela est aussi bienréquent chez les riches que chez les pauvres. "Ma mère a toujours été fidèle à son enseigne et je ne compte pas rompre avec cette tradition", exprime Leila, jeune fille habitant dans un quartier chic. Ahmed, du quartier Sidi Othoman, ne cache pas son motif en disant : "Je veux acheter ce diesel, mon ami l’a déjà essayé et l’a beaucoup apprécié".

Un sentiment de privation peut s’avérer nocif pour un jeune ; il se sent incapable de vivre comme les autres. Cela peut mener à des complexes bien contraignants dans la société et à des attitudes de mépris et d’indignation à son égard. Le regret de la vie et de la famille peut se manifester très tôt chez ces jeunes et conduira à des conséquences fatales. Une situation que les parents se doivent de surmonter à leur gré ou à contrecoeur, et qui se manifeste le plus chez les familles pauvres et nombreuses. "Je dois toujours faire preuve de souplesse et de psychologie quand je me sens incapable d’offrir à mon fils ce qu’il demande", explique Mohamed, père de quatre enfants.

Libération - Hakim Dahi

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Famille - Pauvreté - Publicité

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : des centres pour former les futurs mariés

Aawatif Hayar, la ministre de la Solidarité, de l’intégration sociale et de la famille, a annoncé vendredi le lancement, sur l’ensemble du territoire du royaume, de 120 centres « Jisr » dédiés à la formation des futurs mariés sur la gestion de la...

Abdellatif Ouahbi accusé par les salafistes d’atteinte à l’islam

La réforme du Code de la famille passe mal chez les salafistes. Prêcheurs et imams de mosquées sont en colère contre le ministre de la Justice Abdellatif Ouahbi.

Chaque mois, Achraf Hakimi verse 100 000 euros à sa mère

Durant la coupe du monde Qatar 2022, les instants pleins d’amour entre l’international marocain Achraf Hakimi et sa mère ont ému les supporters et les internautes et témoignent de l’attachement de l’un envers l’autre. La star du PSG veille sur sa mère...

Des Marocains à la rue : la détresse d’une famille en Espagne

Un couple marocain et ses trois filles mineures âgées de 12, 8 et 5 ans sont arrivés clandestinement à Pampelune en provenance du Maroc il y a un mois, cachés dans une remorque chargée de légumes. Sans ressources ni aide, ils sont à la rue depuis...

Maroc : le roi Mohammed VI annonce des aides directes aux plus pauvres

Le Roi Mohammed VI, dans un discours prononcé à l’ouverture de la session parlementaire, a fait part de l’introduction d’un programme d’aide sociale à la fin de l’année 2023.

Achraf Hakimi : « Ma mère était une femme de ménage. Mon père était un vendeur ambulant »

Le Maroc a remporté dimanche son match face à la Belgique (2-0) lors de la 2ᵉ journée du groupe F de la Coupe du monde. Achraf Hakimi a dédié la victoire à sa mère qu’il est allé embrasser dans les tribunes à la fin du match. L’image de la scène est...

Maroc : il tue son père pour des cigarettes

Drame dans la commune d’Ait Amira. Un jeune homme a donné un coup de couteau mortel à son père après que ce dernier a refusé de lui donner de l’argent pour acheter un paquet de cigarettes.

Le Maroc va distribuer les aides directes aux plus pauvres cette année

Le gouvernement prévoit d’accorder une aide financière mensuelle directe à l’ensemble des familles démunies. Cette mesure phare du processus de généralisation de la protection sociale, enclenché par le pays, sera effective dès cette année, selon le...

Hausse historique du prix du gaz au Maroc, une première en 30 ans

La bonbonne de gaz vendue au Maroc devrait voir son prix augmenter progressivement pendant trois ans, vient de révéler le Premier ministre Aziz Akhannouch.

Alerte sur les erreurs d’enregistrement des nouveaux-nés au Maroc

L’Organisation marocaine des droits de l’homme (OMDH) a alerté le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, au sujet du non-enregistrement des nouveau-nés à leur lieu de naissance, l’invitant à trouver une solution définitive à ce problème.