Kevin Zoller
D’emblée le titre du Temps en dit long : « Et si le Suisse accusé de djihadisme au Maroc n’avait rien d’un terroriste ? » et puis de poursuivre avec ce qui ressemble fortement à une théorie du complot : « Le profil de Kevin Z., accusé par les autorités marocaines d’être l’un des instigateurs du meurtre de deux touristes scandinaves en décembre, cadre mal avec celui d’un djihadiste de l’Etat islamique. La Suisse mène sa propre enquête sur son ressortissant. »
Letemps.CH cite Fatima, l’épouse marocaine de Kevin Zoller, l’hispano-suisse de 25 ans. Selon cette dernière, les accusations qui pèsent sur son mari sont soit une erreur judiciaire soit une machination pure et simple. Elle déclare : « Nous sommes partis une semaine à Genève, juste avant Noël, pour y retrouver ma belle-mère, chez qui nous habitons. S’il avait trempé dans une affaire criminelle, il n’avait aucune raison de rentrer au Maroc pour risquer de se faire arrêter. » Elle aurait conservé réservations, quittances et reçus qui attestent des dates de leur voyage en Suisse.
Le journal suisse précise en outre que les autorités marocaines ont cessé de communiquer sur les éléments de l’enquête depuis que l’affaire est sous la coupe de la justice. Le Temps n’y va pas par quatre chemins : « Plus précisément, selon l’enquête des services de police du BCIJ, il aurait entraîné les quatre terroristes au maniement des armes, leur aurait fourni la messagerie cryptée Telegram, et aurait tenté de recruter pour la bande des ressortissants subsahariens. Mais, en fait d’armes, on parlerait plutôt de paintball. Quant aux nouvelles recrues, il s’agirait d’un ami camerounais. Enfin, Telegram est facilement accessible à tous. »
Rappelons que l’étudiante Louisa Vesterager Jespersen, 24 ans, et son amie norvégienne Maren Ueland, 28 ans, ont été tuées dans la région d’Imlil au sud de Marrakech, et ce, dans la nuit du 16 au 17 décembre dernier. Kevin Zoller, accusé de « Constitution d’une bande en vue de préparer et de commettre des actes terroristes visant à porter gravement atteinte à la sûreté de l’Etat, aide préméditée à des auteurs d’actes terroristes, entraînement de personnes en vue de rejoindre une organisation terroriste et apologie du terrorisme », risque jusqu’à 30 ans de prison.