La Moudawana tamazight

12 octobre 2005 - 09h14 - Maroc - Ecrit par : Bladi.net

Le code de la famille n’en finit pas de faire parler de lui. Guides, actions de proximité, vulgarisation de certaines dispositions, sensibilisation et formation des juges : les associations s’activent, chacune selon ses moyens ou ses priorités. Pour les responsables de l’association Bouregreg, l’information est capitale.

Particulièrement celle des populations qui vivent dans les zones les plus reculées. C’est justement dans ces régions qu’une série d’actions sont entreprises par l’association. Le texte a été réécrit en arabe dialectal, en tachelhit, tarifit et tamazight afin que les populations berbérophones puissent aussi se familiariser. Si les femmes sont particulièrement ciblées, elles ne sont pas les seules à être concernées par cet exercice de familiarisation initié par l’association. Car c’est aussi par l’apprentissage des hommes, ces pères, frères, maris ou collègues aux valeurs d’égalité et de respect des droits de l’homme que passe la construction d’une société égalitaire. Pendant près de dix mois, les membres de l’association organiseront des séances d’explication, de workshop, de conférences d’orientation dans les foyers et établissements scolaires pour que le nouveau projet de société que le Maroc veut édifier soit assimilé. « La tâche n’est pas aisée ; imaginez que vous disiez à un père de famille qui vit à la campagne qu’il doive partager ses biens avec sa femme en cas de divorce ! » s’exclame une militante.
Les actions de l’association tournent autour de thèmes précis. La polygamie, l’égalité dans la responsabilité familiale et la gestion du foyer, la garde de l’enfant et la tutelle sont ceux qui focalisent l’attention. Probablement parce qu’ils constituent les piliers du nouveau projet sociétal. Ils sont aussi ceux qui engendreront des changements radicaux. La polygamie, qui n’est toujours pas interdite, est soumise à de sévères conditions, la rendant « presque » impraticable. La tutelle du père n’est plus obligatoire. La disposition est révolutionnaire tout comme le partage des responsabilités. Dans les associations, le travail d’information est avant tout un travail d’initiation à une nouvelle philosophie. « Il faut faire admettre à un citoyen une nouvelle façon de concevoir les relations au sein de la cellule familiale », explique une militante. Pour « être plus proche des citoyens », des pièces de théâtre ont été produites. Doublées en tarifit et tachelhit, elles mettent en scène des récits qui content des histoires de l’inégalité, la polygamie ou la garde d’enfants. Les résultats ne seront pas immédiats. Mais l’important travail de vulgarisation en cours est le préalable à la réussite du projet. Les générations futures seront certainement plus rompues aux valeurs d’égalité et de respect des droits de l’homme.

Amale Daoud - L’Economiste

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Amazigh - Moudawana (Code de la famille) - Tifinagh

Ces articles devraient vous intéresser :

Des erreurs sur les panneaux d’autoroutes marocaines

Le député Kamal Ait Mik, membre du groupe parlementaire du Rassemblement national des indépendants (RNI) à la Chambre des conseillers, a relevé des erreurs dans l’écriture des mots amazighs sur les panneaux de signalisation routière.

L’enseignement de la langue amazighe généralisé dans les écoles marocaines

Le ministère de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports vient d’annoncer son plan de généralisation de l’enseignement de la langue amazighe dans tous les établissements du primaire d’ici à l’année 2029-2030.

Maroc : de grands pas vers l’officialisation de l’amazigh

Le gouvernement d’Aziz Akhannouch franchit de grands pas vers l’officialisation de l’amazigh, mais des efforts considérables restent à fournir pour que la langue retrouve sa place qui lui est échue.

Maroc : les femmes divorcées appellent à la levée de la tutelle du père

Avant l’établissement de tout document administratif pour leurs enfants, y compris la carte d’identité nationale, les femmes divorcées au Maroc doivent avoir l’autorisation du père. Elles appellent à la levée de cette exigence dans la réforme du Code...

Maroc : la réforme du Code de la famille fait toujours jaser

La réforme du Code de la famille a du mal à passer au Maroc. Face aux conservateurs et chefs religieux, le gouvernement n’arrive pas encore à trouver la bonne formule pour mettre fin aux discriminations envers les femmes en matière de succession, à la...

Malgré les obstacles juridiques, la polygamie persiste au Maroc

Alors que le gouvernement est en train de plancher sur une réforme du Code de la famille, le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire vient de publier son rapport sur la polygamie dans lequel on apprend que quelque 20 000 demandes pour un deuxième...

La chanteuse Fatima Tabaamrant menacée par un salafiste

Alors qu’elle fait l’objet d’attaques verbales de la part d’un prédicateur salafiste, l’icône de l’art amazigh, Fatima Tabaamrant, ancienne députée RNI, vient de recevoir le soutien du parti d’Aziz Akhannouch.

Code de la famille : les féministes marocaines face à l’opposition de Benkirane

Le secrétaire général du Parti justice et développement (PJD), Abdelilah Benkirane, a vivement critiqué le mouvement féministe qui milite pour l’égalité des sexes dans le cadre de la réforme du Code de la famille, estimant que son combat vise à...

Maroc : un « passeport » pour les nouveaux mariés

Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) appelle à la mise en place d’un « passeport » ou « guide » pour le mariage, dans lequel seront mentionnées les données personnelles des futurs mariés, ainsi que toutes les informations sur leurs...

Le Groupe Barid Al-Maghrib promeut la langue amazighe

Le Groupe Barid Al-Maghrib entend intégrer la langue amazighe dans ses services. Dans ce sens, il a signé une convention de partenariat avec l’Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM).