Maroc : le projet de loi anticorruption bientôt voté

24 janvier 2021 - 20h40 - Maroc - Ecrit par : J.K

La commission de la législation de la première Chambre du Parlement vient de boucler l’examen détaillé du projet de loi relatif à l’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption. Gelé depuis début octobre, il devrait être adopté avant la fin de l’actuelle session parlementaire qui s’achève début février.

Le dernier délai du dépôt des amendements des groupes et groupements parlementaires est fixé au 2 février. Suivra le vote en commission, après le feu vert du gouvernement, puis l’adoption en séance plénière informe le quotidien Al Akhbar, indiquant que le projet de loi 46-19 a essuyé de vives critiques, aussi bien de la part des parlementaires, des juristes, que de l’opinion publique, tant, bien de ses clauses sont source de polémique. Par exemple, le pouvoir accordé aux membres et aux commissaires mandatés par l’instance pour entreprendre des investigations et enquêtes qui relèvent du domaine du pouvoir judiciaire, sans qu’ils aient qualité d’officier de police judiciaire.

Le texte en étude autorise en effet les membres de l’Instance ou ses commissaires à effectuer des investigations, mener des enquêtes et rédiger des PV. Ils ont également le pouvoir d’effectuer des visites d’inspection inopinées dans les locaux et sièges des personnes publiques et des locaux des organisations professionnelles du droit privé. Ce que n’approuvent pas du tout les parlementaires, tout comme les juristes qui relèvent qu’il empiète sur un domaine exclusivement réservé au pouvoir judiciaire, vu que les membres et commissaires de l’INPPLC n’ont pas qualité de police judiciaire.

Malgré tous ces griefs, le texte contient bien des avancées en matière de lutte contre la corruption, fait observer le quotidien qui indique que l’une de ses principales nouveautés, c’est une définition plus large de la corruption. Actuellement limitée à « tout crime de corruption, de trafic d’influence, de détournement et de concussion, tels que prévus par la loi en vigueur et tout autre crime de corruption prévu par des législations particulières », la définition de la corruption a été élargie à travers ce projet de loi de manière à inclure également « les infractions administratives et financières ».

Et puis, fait nouveau et de taille, le texte dote l’Instance du pouvoir d’autosaisine, lui permettant ainsi de donner son avis, de sa propre initiative. Ce que ne permet pas l’actuelle loi en vigueur selon laquelle, l’INPPLC ne peut donner d’avis sur « tout programme, mesure, projet ou initiative visant la prévention ou la lutte contre la corruption » qu’à la demande du gouvernement ou du Parlement.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Droits et Justice - Corruption - Lois - Parlement marocain

Aller plus loin

Maroc : les fortunes de hauts responsables passées au peigne fin

Des gouverneurs nommés récemment ont démantelé des réseaux de construction anarchique et illégale impliquant des auxiliaires d’autorité. Ceux-ci auraient accumulé de grosses...

Corruption au Maroc : le secteur financier mise sur le renforcement des capacités en 2021

Dans le cadre d’une lutte efficace contre la corruption, Bank Al-Maghrib et deux autres institutions clés du secteur financier, en partenariat avec l’Instance Nationale de la...

Maroc : un député condamné à 4 ans de prison pour malversations

Le président de la commune de Tanant, et député du Parti Authenticité et Modernité (PAM), a été condamné par la Cour d’appel de Casablanca à quatre ans de prison ferme pour...

Maroc : la lutte contre la corruption renforcée

Le Maroc a fait de la lutte contre la corruption une priorité nationale. Dans ce sens, le royaume s’est doté d’un arsenal juridique sophistiqué et s’évertue également à mettre...

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : les crimes financiers ont baissé de 47% en 2021

La lutte contre les crimes financiers et économiques au Maroc porte peu à peu ses fruits. En 2021, les affaires liées à ces délits ont fortement régressé de 47,30%, selon le rapport annuel de la présidence du parquet.

Parlement européen : le Maroc aurait offert des séjours à la Mamounia

La députée socialiste Marie Arena et l’ex-eurodéputé italien Antonio Panzeri, visés dans le scandale au parlement européen, auraient bénéficié en 2015 d’un séjour de luxe à l’hôtel La Mamounia de Marrakech, tous frais payés par les autorités marocaines.

Plaidoyer pour l’abolition de la peine de mort au Maroc

La lutte contre l’abolition de la peine capitale est toujours d’actualité au Maroc. En témoigne la récente participation des réseaux et militants marocains contre la peine de mort, à la 8ᵉ édition du congrès mondial qui s’est tenu à Berlin du 18 au 25...

Redressement fiscal : Sound Energy fait appel

La compagnie gazière britannique Sound Energy annonce avoir fait appel devant le tribunal administratif, en vue de contester le redressement fiscal mené en 2020 par l’administration générale des Impôts, qui lui a réclamé 2,55 millions de dollars d’impôts.

Enfants hors mariage : « la fête d’une nuit est à payer pendant 21 ans »

Comme pour les couples mariés, les enfants nés hors mariage au Maroc seront pris en charge par les parents. Une disposition est prévue dans le nouveau Code pénal pour reconnaitre leur droit, a annoncé le ministre de la Justice Abdellatif Ouhabi.

TikTok, l’impossible interdiction au Maroc

Face à la dépravation des mœurs à laquelle conduit l’utilisation de TikTok, les députés de l’opposition ont invité le gouvernement marocain à prendre ses responsabilités et à interdire l’application chinoise dans le royaume. Mais y arriveront-ils ?

Corruption au Maroc : arrestation d’un ex-ministre, un avertissement pour les responsables ?

Après l’arrestation jeudi de Mohamed Moubdii, député du Mouvement populaire (MP) et ancien ministre, pour des crimes financiers présumés, des voix s’élèvent pour appeler le gouvernement marocain à renforcer sa lutte contre la corruption et...

Maroc : le débat sur l’interdiction de TikTok s’invite au parlement

Plusieurs députés marocains appellent à l’interdiction de TikTok au Maroc. Ils s’inquiètent de la qualité des contenus publiés sur ce réseau social chinois qui, selon eux, constitue un danger pour la jeunesse.

Pufa, la "cocaïne des pauvres" qui déferle sur le Maroc

Pufa, la « cocaïne des pauvres » s’est installée progressivement dans toutes les régions du Maroc, menaçant la santé et la sécurité des jeunes. Le sujet est arrivé au Parlement.

La justice confirme l’amende de 2,5 milliards de dirhams contre Maroc Telecom

Le recours de Maroc Telecomcontre la liquidation de l’astreinte imposée par l’agence nationale de régulation des télécommunications (ANRT), a été rejeté par la cour d’appel de Rabat.