Un rapport inquiétant sur la pauvreté au Maroc

14 juin 2021 - 18h20 - Maroc - Ecrit par : A.T

C’est le ressenti qui renseigne sur la situation sociale des Marocains. La moitié d’entre eux se considèrent comme pauvres alors que, en réalité, le taux de pauvreté absolue ne représente plus que 1,2 %.

45 % des Marocains se considèrent comme pauvres. C’est ce qui ressort d’une enquête réalisée courant 2012-2019, par l’Observatoire national du développement humain (ONDH) qui a publié ce chiffre dans son dernier rapport sur la « dynamique de la pauvreté » au Maroc. Cet indice ne prend pas en compte l’épidémie de Covid-19 qui a frappé le pays, et met probablement l’accent sur les émotions.

Il s’agit d’une « pauvreté subjective » rassure l’observatoire qui précise dans le quotidien que c’est un pourcentage des chefs de ménages qui se considèrent en situation de pauvreté et qui varie nettement entre le monde rural et le milieu urbain.

En effet, A la question de savoir « dans quel niveau social classez-vous votre ménage en comparaison avec ce qui règne dans votre environnement social : est-ce parmi les très riches, les relativement riches, les moyens, les relativement pauvres ou les très pauvres ? » « Seulement » 38,6 % des Marocains en milieu urbain se considèrent comme pauvres, contre 58,4 % en milieu rural.

Curieusement, lorsque la courbe de pauvreté réelle descend (en termes de revenu), la courbe de pauvreté subjective monte. Les statistiques montrent que le Maroc contrôle la pauvreté absolue. Mais l’instabilité, la peur du lendemain et les inégalités sont toujours très présentes. Le royaume est le pays le plus inégalitaire d’Afrique du Nord.

Partant de là, le Maroc est appelé à adopter des stratégies de ciblage individuel dans le cadre des programmes de lutte contre la pauvreté pour mieux la cerner afin de bien la combattre. En réalité, la lutte contre la pauvreté au Maroc implique de la mesurer et d’en analyser les causes pour proposer des politiques adéquates et ciblées. En effet, la pauvreté demeure un phénomène très complexe, rendant nécessaire le recours aux approches dites « longitudinales ». Ainsi, il est nécessaire, par exemple, d’analyser les trajectoires individuelles, en l’occurrence l’entrée et la sortie de la pauvreté.

A lire : Plus d’un million de Marocains menacés de pauvreté à cause du coronavirus

Le déclassement est déjà géographique, car le Maroc de la « ville » et le Maroc de la « campagne » continue de se creuser. La pauvreté frappe la plupart des gens dans les zones rurales où près de 60 % de la population se considère pauvre. En ville, le taux tombe à 40 %. Ce sentiment continue de croître dans les zones rurales, mais stagne dans les zones urbaines.

Ainsi, vivre dans un quartier abandonné accentue le sentiment de pauvreté. Par conséquent, le manque d’infrastructures telles que l’accès à l’eau potable, l’assainissement et les voies de communication pointe fortement vers certaines zones, notamment dans la partie est ou sud du pays. A Zagora en 2017 «  Signes de soif  », les habitants réclamaient un meilleur service pour l’accès à l’eau potable, indique le document.

Le régime fiscal impose également la plupart des impôts à la classe moyenne. La moitié de la population ne paie pas d’impôt sur le revenu parce que ses revenus sont trop faibles ou en raison de l’économie informelle. Les entreprises participent rarement aux efforts nationaux. 82 % des recettes de l’impôt sur les sociétés proviennent de seulement 2 % des entreprises. Il y a aussi une taxe foncière qui est quasi inexistante, précise la même source

Mais tout n’est pas perdu. En se fiant aux résultats de l’étude réalisée par l’ONDH, dont les conclusions ont été présentées, le 8 juin, dans le cadre d’un webinaire, il ressort qu’un individu pauvre a plus de chance de sortir de la pauvreté que de le rester (55,7 % contre 43,3 %) et qu’un individu non pauvre a plus de chance de rester non pauvre (86,3 %) que de tomber en pauvreté (13,7 %). Plus encore, les risques d’entrée dans la pauvreté sont particulièrement liés à des situations de non-emploi, à la faiblesse du niveau éducatif ou encore à la composition démographique du ménage, conclut le rapport.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Famille - Etude - Enquête - Développement - Inflation

Aller plus loin

Le taux de pauvreté absolu recule au Maroc

En 2019, le taux de pauvreté absolu s’établissait à 1,2 % au Maroc, avec l’amélioration globale du niveau de vie des Marocains, en particulier en milieu urbain. C’est ce que...

La crise sanitaire a aggravé la pauvreté et la vulnérabilité au Maroc

À l’instar de tous les pays, le Maroc a subi les effets de la crise du coronavirus, avec de graves conséquences sur la vie des hommes et des entreprises, aggravant sur tout le...

Plus d’un million de Marocains menacés de pauvreté à cause du coronavirus

Les mesures restrictives imposées dans le cadre de la crise du Covid-19 ont fait de nouveaux pauvres, note un rapport officiel, publié, lundi 17 août 2020. Ce rapport prévoit...

Le rapport sur le développement remis au roi Mohammed VI

Il est finalement disponible. Le rapport général de la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD) a été présenté mardi, au roi Mohammed VI. C’était au cours d’une...

Ces articles devraient vous intéresser :

Tomate au Maroc : production en chute, prix en hausse

Les producteurs de tomates rondes au Maroc alertent sur une baisse significative de la production et une inflation des prix. Voici leur explication.

Plus de 70% des femmes marocaines recourent aux méthodes contraceptives

Au Maroc, plus de 70 des femmes ont recours aux méthodes contraceptives. C’est ce qui ressort d’un récent rapport du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA).

Alerte sur les erreurs d’enregistrement des nouveaux-nés au Maroc

L’Organisation marocaine des droits de l’homme (OMDH) a alerté le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, au sujet du non-enregistrement des nouveau-nés à leur lieu de naissance, l’invitant à trouver une solution définitive à ce problème.

Chaque mois, Achraf Hakimi verse 100 000 euros à sa mère

Durant la coupe du monde Qatar 2022, les instants pleins d’amour entre l’international marocain Achraf Hakimi et sa mère ont ému les supporters et les internautes et témoignent de l’attachement de l’un envers l’autre. La star du PSG veille sur sa mère...

Maroc : l’inflation s’envole, surtout les produits alimentaires

Le Maroc est actuellement confronté à une situation économique difficile, marquée par une inflation galopante. Selon la dernière note de conjoncture du Haut Commissariat au Plan (HCP), l’indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 8,9 % au...

Très cher Aid al adha pour les Marocains

L’augmentation continue du prix de la viande au Maroc affecte le coût du sacrifice de l’Aïd Al-Adha pour de nombreux ménages marocains.

Achraf Hakimi : « Ma mère était une femme de ménage. Mon père était un vendeur ambulant »

Le Maroc a remporté dimanche son match face à la Belgique (2-0) lors de la 2ᵉ journée du groupe F de la Coupe du monde. Achraf Hakimi a dédié la victoire à sa mère qu’il est allé embrasser dans les tribunes à la fin du match. L’image de la scène est...

Les recommandations de la banque mondiale au Maroc

La banque mondiale a formulé quelques recommandations consignées dans son dernier rapport sur le climat et le développement (CCDR) du Maroc.

Maroc : une flambée inquiétante du prix de la volaille et des oeufs

Au Maroc, les prix de la volaille et des œufs s’envolent au grand dam des consommateurs. Quelles en sont les causes ?

Maroc : Le secteur de la franchise en danger de mort

La fermeture en série des franchises dans les grandes villes du Maroc inquiète Mohamed el Fane, le président de la Fédération marocaine de la franchise (FMF). Il appelle l’État à soutenir ce secteur qui se meurt.