Mères seules au Maroc : la double peine de la loi et de la « Hchouma »

11 mars 2024 - 09h00 - Maroc - Ecrit par : P. A

Au Maroc, il n’est pas aisé d’être une mère célibataire. Ce statut n’est pas admis dans le royaume où les relations hors mariage sont interdites. Toute femme qui se retrouve dans cette situation peut écoper d’une peine d’emprisonnement d’un an.

Être mère célibataire est considéré comme un délit au Maroc. Jeanne (nom d’emprunt), une jeune Congolaise de 20 ans, a vécu l’amère expérience à son arrivée dans le royaume alors qu’elle était tombée enceinte après un viol. « C’était horrible, ils ne m’ont pas touchée, comme si je sentais mauvais », confie-t-elle à EFE, après avoir passé une journée à l’hôpital de Nador.

Les relations hors mariage sont punies par la loi marocaine et, par voie de conséquence, une femme qui tombe enceinte sans être légalement mariée risque une peine d’un à 12 mois de prison. Les féministes marocaines demandent la suppression de ce délit dans la réforme du Code pénal et du Code de la famille en cours dans le royaume.

À lire : Maroc : la « réalité amère » des mères célibataires

L’association « 100 % Mamans de Tanger » assiste ces mères célibataires à qui elle offre un logement et qu’elle aide à trouver un emploi et à avoir confiance en elles. Kaoutar est l’une d’elles. La jeune Marocaine, âgée de 19 ans en 2016, est tombée enceinte de son petit ami. Mais ce dernier n’a pas reconnu la grossesse. Elle a finalement accouché seule à l’hôpital de Tanger.

En plus de la privation de liberté, les mères célibataires sont marginalisées et leurs enfants sont les plus affectés par cette discrimination. Certains sont abandonnés, tandis que d’autres ne sont pas enregistrés à la naissance. D’autres voient la mention « Bint zina » ou enfant d’une « zina » (relation hors mariage) inscrite sur leurs documents d’identité.

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