Un grand pincement au coeur à chaque départ ...

10 juillet 2006 - 22h49 - Maroc - Ecrit par :

Je ne savais pas comment commencer mon article parce que les commencements et les départs n’ont jamais été mon point fort.

En parlant de départ, j’avoue que chaque année cette question de départ au Maroc me pose quelques problèmes. Je me dis qu’il vaut mieux que j’aille dans un autre pays parce que franchement des fois je me heurte à certaines mentalités qui m’exaspèrent. Je dis bien certaines et pas toutes !

Je résiste, mais finalement je me retrouve comme hypnotisée face à mon ordinateur entrain de chercher désespérément un billet pour le Maroc et non pas pour un autre pays.

Ceci dit, le premier contact de la diaspora marocaine avec son pays d’origine c’est quoi ?

La douane bien sûr ! je ne vais pas vous parler de la douane en tant qu’administration parce que de ce côté là je n’ai rien à leur reprocher mais au contraire je les félicite pour le travail accompli et d’avoir facilité les formalités douanières aux 2 millions de MRE qui devraient revoir leur mère patrie en cette période estivale. Cependant, j’aimerai en parler en tant que structure « humaine », ce que je veux dire par là c’est comment se comporte ce douanier qui se veut être mon compatriote et mon premier interlocuteur.

Quand je pense à ces douaniers qui laissent passer les touristes étrangers sans fouiller leurs bagages alors qu’à moi on demande d’ouvrir ma valise, je me dis quelle « Hogra » ! D’ailleurs c’est moi que ces braves douaniers consciencieux regardent de travers quand je leur tends mon passeport, c’est moi qu’ils se permettent de tutoyer alors que je ne les connais ni d’Eve ni d’Adam. Et pourtant ce n’est pas moi qui suis étrangère, c’est à moi qu’on devrait dire bienvenue et « Marhbabik fe bladek » !

Mais pas du tout, quelques-uns nous accueillent avec une froideur digne d’un tortionnaire. Je dois avouer qu’ils ne se comportent pas tous de la sorte parce que certains sont tellement « cool & open » qu’ils osent draguer ouvertement la personne. Que voulez-vous notre culture affectionne les extrêmes. Des fois à travers leur regard j’arrive à lire « Cesse de faire la Française et rentre chez toi si t’es pas contente », c’est juste qu’ils se retiennent de le dire ouvertement, mais je les vois se mordre les lèvres comme un petit enfant qui meurt d’envie de balancer sur son frère à ses parents. Vous allez peut-être me dire que je suis paranoïaque ou je me taraude l’esprit pour rien parce que se mordre les lèvres n’est rien d’autre qu’une façon de draguer et pas plus ! là non plus vous ne m’en voyez pas rassurée. Et pourtant lorsque l’avion atterrit je ne pense qu’à une chose, sortir de cet aéroport pour voir un visage familier, respirer cet air même poussiéreux soit-il, me fondre dans cette foule qui ne pense qu’à une chose retrouver la famille, la terre, les ami(e)s, effectuer le premier pèlerinage le vendredi sur la tombe d’un être cher pour lui dire que nous l’avons pas oublié, faire plaisir à ceux qui nous aiment et que nous aimons, retrouver la vie à la marocaine car nous savons pertinemment que ces vacances ne durent que quelques semaines et après on se sépare pour se donner rendez-vous l’année prochaine...

Notre patrie pense à nous juste une saison, nous pensons à elle chaque jour que Dieu fait chaque saison que la nature fait, parce que nous l’aimons pour ce qu’elle a fait de nous, parce que nous portons la couleur de sa terre, parce qu’être Marocain est d’une complexité à la fois exaspérante et attendrissante , on donne tout à notre patrie mais elle est tellement avare, peut-être qu’elle a peur de trop donner, de devenir fragile, de s’attacher, de nous aimer encore plus, de pleurer et regretter nos départs, de devenir nostalgique comme nous le sommes loin d’elle.

Je quitte Paris avec un petit pincement au cœur et je me demande souvent quelle mésaventure vais-je encore vivre ? quelle humiliation vais-je encore subir, dans quelle déprime vont-ils encore me plonger parce que le Maroc est certes le plus beau pays du monde ? mais certains compatriotes nous font payer cher les grâces de cette beauté par leur comportement, manque de politesse, humiliation peut-être pas volontaire, incompétence, je-m’en-foutisme déconcertant et des fois ce regard méprisant qui n’est point justifiable. Je dramatise peut-être mais je ne fais que rapporter mon expérience, vous savez quoi, le pire ce n’est pas qu’un européen vous regarde de travers parce qu’après tout il y en a qui n’aiment pas trop les étrangers, mais de retrouver ce même regard chez soi et dans son pays c’est ce qui me révolte et me chagrine.

Je ne veux pas un traitement de faveur parce que je suis une MRE , je veux juste que je ne sois plus considérée comme une touriste ou une étrangère qui vient claquer son fric, faire son show pendant un mois et rentrer chez elle. Alors si c’est le cas autant me traiter comme une vraie étrangère avec tous les égards qui accompagnent ce « statut ».

Je ne fais la morale à personne, je suis juste entrain d’expliquer que l’amour de la patrie ne s’achète pas et ne se vend pas non plus. J’aime ma patrie, parce qu’elle est ma terre, ma mère et peut-être que ma tombe y sera aussi. Serait-ce trop vous demander que de bien vouloir rester aimables et compréhensifs à notre égard ?

nous ne sommes ni vaches laitières ni boucs émissaires, nous sommes et nous resterons tout simplement les enfants de cette patrie que nous chérissons et qui viennent « mendier » un peu de son amour et par la même occasion aussi le vôtre.

A- Kahina - L’Opinion

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